CES RUBANS QUE L'ON BRÛLE : roman mars 2014
ISBN : 978-2-9541163-4-1 prix : 15 €
épuisé
Suite
de L’oiseau du paradis
De
l’Auvergne au Portugal, en passant par le Cap Vert, Marie la randonneuse et
Pablo le chanteur avancent inexorablement l’un vers l’autre malgré les épreuves
et les accidents de la vie.
Rythmée
par le fado portugais et la musique de Cesaria Evora, leur quête les mène lors
d’un voyage tendre et poétique, jusqu'à l’université de Coimbra où l’on brûle
les rubans.
EXTRAITS :
EXTRAITS :
Je
suis seule, sans doute sur un lit, aussi léger qu’un nuage. Ou alors je flotte
au-dessus de mon corps physique immobile, insensible ? Seul mon corps
d’énergie vibre et observe mon enveloppe charnelle. Comment s’appelle cet état
végétatif ? Le coma, je crois. Suis-je dans le coma ? Et pour combien
de temps ? Je vais peut-être mourir. Je n’ai pas peur, mais ça me fait de
la peine pour ceux qui m’aiment et qui vont pleurer…pendant quelques jours. Ils
seront tristes, je vais sans doute leur manquer et puis leur vie reprendra son
cours.
J’espère surtout ne pas rester
longtemps ici pour leur épargner l’attente, l’espoir déçu, l’angoisse. Mais à
qui ai-je envie d’éviter ça ? À ma famille, mes amis, mes enfants ?
Qui sont-ils, s’ils existent ? Je ne sais même pas comment je
m’appelle !
Quel est ce grincement terrible près
de moi ? Une porte ? Il me semble que quelqu’un s’approche, me touche
un œil, puis l’autre. On me parle ? Plus fort ! Je ne comprends
pas ! Impossible de faire le moindre geste pour montrer que je vis.
Impossible de prononcer un son, de bouger ne serait-ce qu’à peine, les lèvres,
la main, de cligner les paupières.
C’est certainement un docteur, un
inconnu. Si un être cher se tenait près de moi, je le saurais.
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Très
tôt ce matin, il est brusquement réveillé par les coqs et les chiens de l’île
qui s’interpellent vaillamment. Tiré d’un rêve dont il ne voudrait pas émerger,
il essaie d’occulter ces joyeux appels pour tenter de prolonger le
charme : Marie faisait partie du groupe de randonneurs français. Dans un
premier temps, elle ne l’avait pas reconnu : il a tellement maigri !
Ses cheveux longs ont blanchi, sa barbe, grisonnante aussi, masque ses joues
émaciées. C’est en entendant sa voix qu’elle avait immédiatement réagi et
s’était blottie dans ses bras. Sans lui poser de questions, il la couvrait de
baisers et ils partaient tous les deux sur la petite plage de sable gris,
s’unir sous la lune. Pendant quelques
instants encore, il s’accroche à ce songe, conscient de la réalité, mais
refusant d’y replonger déjà.
Et si Marie avait échappé, par il ne
sait quel miracle, à cet horrible accident d’avion ? Si ce nouveau rêve était un nouveau signe ? Comment
l’interpréter ? Le cœur battant, empli d’une énergie insoupçonnée, il
ouvre les volets sur un jour nouveau et sifflote en rasant cette barbe de
plusieurs jours qui lui durcit les traits.
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