LE MARIONNETTISTE DE L'OMBRE

LE MARIONNETTISTE DE L'OMBRE

roman intimiste et optimiste

Comment la victime d'un manipulateur trouve sa propre voie



Publication : décembre 2019 aux éditions NOMBRE7


180 pages ; 16 €

Disponible chez votre libraire,  sur Nombre 7 https://librairie.nombre7.fr/roman/1299-le-marionnettiste-de-l-ombre-9782368329122.html?fbclid=IwAR36G9YqG4B8gh7wb2j10vxaugPcYEPAaf4DPEq61CCdHmhu63BOidOxfdwet


           Synopsis 
Un pseudo professeur de psychologie traque des sujets sensibles afin de les soumettre à une expérience de manipulation mentale visant à tester les aptitudes des femmes à affronter un stress intense et à s’y adapter. Valentine, une personne en quête de sensations, son coach et des hommes complices sont les victimes de ce marionnettiste machiavélique qui tire les ficelles de leur vie. À travers ce processus, consentants ou à leur insu, les protagonistes abordent des thèmes aussi essentiels que la quête de l’âme sœur, la destinée ou le libre choix, la réparation.
La métamorphose de l’héroïne, avec la connivence de son partenaire, triomphe du manipulateur pervers et symbolise l’énergie de résilience.

– Puis-je en savoir un peu plus sur cette expérience ?
– Si elle vous intéresse, reportez-vous à l’annonce publiée dans le bulletin mensuel de l’association.
– Je suis intéressé, mais souhaiterais connaître quelques détails concernant les personnes susceptibles d’être impliquées dans cette étude.
– Monsieur, je ne suis pas autorisé à vous les communiquer par téléphone. Prenez rendez-vous avec le professeur Sabieris. Lui seul est en mesure de vous donner des précisions confidentielles.
            Gérald, installé à son compte depuis quelques mois comme coach en développement personnel,  avait toujours été fasciné par la capacité de résilience des femmes. Formé à sa profession après cinq ans d’études de psychologie, il avait obtenu un poste dans une grande société au sein de laquelle il tenait un rôle de Conseiller en communication auprès de la direction. Il proposait son arbitrage pour les employés en situation conflictuelle, interne ou extérieure à l’entreprise. Dans ce statut de médiateur, il côtoyait des individus aux personnalités éclectiques. Le comportement du personnel féminin l’avait particulièrement passionné. Autant il pouvait prévoir les réflexes et les attitudes des hommes, autant il s’étonnait des réactions féminines portées par une surprenante force intérieure, une volonté et une dignité qui forçaient son admiration pour elles. Cependant, il ne pouvait guère se permettre de développer ses observations au-delà du cadre professionnel. Sa vie privée limitait son champ d’analyse à quelques amitiés féminines depuis une douloureuse séparation qui l’avait laissé sans ambition conjugale. 
            Après de longues années d’une carrière ne manquant ni d’attraits ni d’intérêts, Gérald quitta son emploi pour déménager loin de son amour déçu. Par la même occasion, il vendit son piano délaissé depuis que la rupture avait causé un blocage, irrémédiable selon lui. Cet acte singulier symbolisait son renoncement à un certain art de vivre pour en adopter un totalement différent. Malgré tout, la musique resta pour lui un exutoire essentiel ; il ne pouvait imaginer une journée sans écouter ses compositeurs favoris. Il ouvrit un cabinet de Consultant, en statut libéral, espérant obtenir une clientèle suffisamment nombreuse et échanger avec des collègues dans des domaines similaires. Un jour, en feuilletant la parution de l’ARCA (Association de Recherche sur les Comportements Affectifs), à la bibliothèque de la faculté, son attention fut retenue par cette annonce :

Une vaste étude sur les capacités de résilience des femmes est en cours de préparation. Nous lançons un appel à des chercheurs intéressés par nos expériences. Contactez-nous.
           
            Immédiatement, ces « expériences » piquèrent sa curiosité. Plutôt que s’aventurer dans des suppositions certainement sans rapport avec le projet, il s’empressa de se présenter au président de l’ARCA. Sabieris le reçut dans son bureau à l’université. L’homme paraissait âgé d’une trentaine d’années. Son allure de jeune gérant de start-up contrastait avec l’idée que Gérald se faisait d’un professeur de psychologie. Grand, très mince, vêtu d’un jean délavé découvrant légèrement ses chevilles fines et ses chaussettes roses, ainsi que d’une chemise blanche aux manches retroussées sur un tatouage raffiné, il adoptait un style résolument désinvolte. Sous des traits d’adolescent, il alliait une évidente assurance à une charmante décontraction. Toutefois Gérald, d’un âge respectable, au visage délicat, avec ses boucles grises frôlant les épaules, sa barbe et sa moustache soigneusement taillées, son sourire discret et son regard doux impressionna Sabieris. Il lui rappela un pianiste qu’il admirait beaucoup. Élégant dans son pantalon et pardessus noirs, son interlocuteur avait ôté son chapeau et ses cheveux auréolaient gracieusement l’ovale de ses traits fins.
            Les femmes, pensa Sabieris, doivent se presser dans son cabinet ! Quel charme intemporel se dégage de ce personnage ! Le type même du parfait séducteur !
            Les deux hommes se jaugèrent l’espace d’un instant qui parut long à Gérald. En aucun cas il ne prenait le professeur Sabieris pour un savant fou en quête d’études suspectes, mais il ne s’attendait pas à rencontrer ce style de jeune cadre moderne et sûr de lui. De prime abord, ses propos lui semblèrent non seulement sensés, mais très convaincants.
– Il s’agit, de manière précise, scientifique, d’analyser comment les femmes se comportent en situation d’inconfort sentimental, expliqua le professeur.
– Vous voulez dire de rupture ?
– Pas seulement. La relation amoureuse dans toute sa diversité : différence d’âge, réactivité au coup de foudre, résistance au mensonge, à l’infidélité et bien d’autres items seront passés au peigne fin.
– Qui, précisément allez-vous observer ? Quel sera votre champ d’expériences ?
– Avant de vous révéler nos pistes, permettez-moi de vous demander si vous désirez intégrer notre équipe. Je ne saurais dévoiler nos outils et nos méthodes à quelqu’un qui ne fait preuve que de simple curiosité. Quelles sont vos intentions ?
– Disons que je m’informe avant de m’impliquer. Quoi de plus normal ?
– Parfaitement !   Et, à quel titre pensez-vous pouvoir collaborer ?
– Je suis diplômé en psycho et j’exerce une fonction de coach de vie dans mon cabinet privé.
– Excellent ! Quelles sont vos motivations pour participer à notre collectif expérimental ? Qu’est-ce qui vous attire dans cette étude ?
– Mon activité professionnelle m’a conduit à m’intéresser aux qualités de résistance et de résilience des femmes. Donc, je suis captivé par cette exploration.
– C’est déjà un point, mais votre intérêt n’est pas suffisant en soi pour prétendre pénétrer nos méthodes ! Vous pouvez, naturellement, prendre un temps de réflexion.
            Mû par une sorte d’urgence à en savoir davantage, Gérald était tenté de s’engager. Fin stratège malgré sa courte pratique, Sabieris  perçut l’impact de son exposé auréolé d’un savant dosage de mystère et de précision. Il avança donc dans la présentation des actions d’ores et déjà mises en place, sans trahir ses méthodes secrètes qu’il savait douteuses. Son sourire se fit ironique.
– Nous avons déjà une équipe de volontaires pour recueillir les confidences de femmes-cibles et analyser leurs comportements.
– Quelles sont concrètement vos objectifs et ceux de vos collaborateurs ?
– Les mêmes que les vôtres, j’espère ! À moins que la rémunération détermine votre décision.
– Nous ne l’avons pas évoquée, d’ailleurs.
– Elle est à négocier, mais nous avons un budget Recherche confortable.
– Quels sont vos outils d’analyse et comment procédez-vous pour en faire la synthèse ?
– Nous avons mis au point un logiciel vraiment performant. Il nous suffit de noter les données observées, les vôtres et celles des autres participants, dans des rubriques appropriées et selon des critères précis. Chaque « cible » entre dans son cadre personnel, mais le logiciel recoupe les informations et ainsi, il nous fournit des constantes, des similitudes, des oppositions. Une observation scientifique, ni plus ni moins.
– Vous évoquez d’autres participants : ils sont nombreux ?
– Je commence seulement à recruter, mais plus nous serons nombreux plus les conclusions seront significatives.
– Je suppose que les paramètres de votre logiciel sont tenus secrets ?
– Absolument !
            Gérald aurait aimé une démonstration de cette application. Il ne voyait pas comment les émotions, les réactions, les comportements affectifs d’une personne pouvaient se quantifier, se condenser, se résumer à un graphique ou une grille de statistiques. Il avait œuvré sur la complexité des êtres humains et pour lui, les deux exercices étaient incompatibles. Mais il s’avouait incompétent en informatique et ne prétendait pas préjuger de l’utilité de classer les femmes en fonction de leurs affects. Cependant, il reconnaissait l’intérêt et l’originalité de cette étude.
– Ces expériences entreront-elles dans un cadre officiel de recherche ?
– Sans aucun doute. Mon projet a été accepté par les autorités supérieures.
             Vrai ou faux, cet argument mit un terme à l’entretien. Les deux hommes convinrent de se revoir une semaine plus tard. Mais il semblait déjà évident que Gérald deviendrait un membre de l’équipe ARCA : il était acquis à la cause de Sabieris.
            Pendant quelques jours, le coach reçut ses clients en occultant son enthousiasme et ses inquiétudes par rapport à son engagement. Lors des consultations, il respectait une sorte de trêve avec lui-même par respect pour eux. Mais dès qu’il se retrouvait seul, la proposition de Sabieris s’imposait avec une exigence tyrannique. Certes le thème le passionnerait, mais il était nécessaire d’éclaircir certains points. Il s’agissait d’utiliser des données portant sur des comportements humains : les cobayes seraient-ils volontaires, anonymes, consentants ou étudiés à leur insu ? L’aspect éthique n’avait pas été approfondi avec le jeune professeur. Se lancer sans scrupules  dans cette expérimentation : en était-il convaincu ?
            La semaine suivante, il discuta de déontologie avec Sabieris qui lui assura qu’en aucun cas l’identité des personnes entendues par les observateurs ne serait publiée. Déjà, sa cible potentielle avait un prénom que, toutefois, il ne divulgua pas.  Sabieris précisa le fonctionnement de l’expérimentation. Selon le profil de la cible, sa personnalité et ses attentes les plus secrètes, discrètement scrutée par les rapporteurs comme Gérald, elle serait abordée, séduite par un collaborateur complice.
– Dans quel but exactement ? Vous n’êtes pas une agence de rencontres.
– La mettre en situation affective périlleuse.
– Une relation amoureuse ?
– Si possible.
– Et ?
– Observer les incidences de cet état sur son quotidien. Puis, au moment que nous jugerons opportun, provoquer la rupture afin de tester sa résilience.
– C’est prendre des risques !
– Ne vous inquiétez pas, ils seront mesurés et… votre rôle sera capital pour l’accompagner. C’est pourquoi nous trions nos collaborateurs sur le volet.
– J’ai malgré tout des doutes sur les paramètres que vous allez étudier. La résistance, la capacité à se sortir de difficultés sentimentales, la joie de vivre ne sont pas quantifiables. Ce sont des notions propres à chacun, variables, complexes, tellement subjectives qu’elles sont impossibles à chiffrer. Je ne vois pas comment vous pouvez les évaluer.
– C’est là toute l’originalité de l’expérience. Il ne s’agit pas d’une étude chiffrée justement, mais laissée à l’appréciation de gens comme vous, compétents, aptes à juger de l’évolution des ressentis, des états affectifs. Il faut aimer les femmes pour y être suffisamment attentif. C’est bien votre cas, n’est-ce pas ?
            La phrase, soigneusement préparée, bien que flattant quelque peu son ego, ne suffit pas à convaincre Gérald. Il insista :
– Vous n’ignorez pas que la capacité de résilience dépend essentiellement de l’atmosphère qui a entouré la petite enfance de la personne. Comment comptez-vous intégrer ce principe absolument déterminant, en vous basant sur des expériences actuelles ?
– Il n’est pas question d’analyser le passé de nos cibles, en effet. D’une part, nous ne sommes pas sensés faire une analyse de type psychiatrique, d’autre part, je ne suis pas convaincu que les conditions affectives du début de vie conditionnent la résistance à l’épreuve.
– Je crois Professeur que vous confondez deux notions : la résistance et la résilience. La résistance est dans la synchronie du vécu, la résilience dans la diachronie.
– Je ne les confonds pas. Je les observe.
– Distinctement ?
– Cela ne me semble pas si important. Vous pinaillez. M’accordez-vous votre confiance, oui ou non ?
– Attendez. Vous prenez à la légère un principe dont dépend la position d’un individu face au danger, à la crise, à l’accident de la vie et vous voudriez que je m’engage les yeux fermés à vous livrer mes observations ?
– Alors, en quelques mots, précisez ce fameux principe auquel vous accordez tant d’importance.
– Il est clairement décrit dans les textes de Cyrulnik.
– Cyrulnik ? Ah oui ! L’écrivain survivant de l’antisémitisme !
– Et surtout neuropsychiatre qui a vulgarisé le concept de résilience, notamment à partir de sa propre expérience d’enfant juif pendant la guerre.
– Quel rapport avec notre expérience ?
– Clairement, il définit la capacité à affronter l’épreuve compte tenu du confort de la niche affective de l’instant ; c’est de la résistance, ce qu’il nomme du « coping », autrement dit « faire face ».
– C’est exactement l’objet de notre étude, mais ciblée sur les femmes.
– Alors ne parlez pas de « résilience » qui désigne la capacité de l’humain à se reconstruire après le malheur, d’après les représentations mentales qu’il en fait. Il peut avec elles commencer un nouveau chemin de vie.
– Eh bien, disons que nous observons l’ensemble !
– Ce n’est possible que sur du long terme.
– Absolument d’accord mon cher !
            Sabieris, soudain impatient ne cachait plus sa hâte d’abréger l’entretien. Il perdait de son assurance devant la solidité des connaissances de Gérald. Partagé entre l’envie de le renvoyer à ses livres et aux états d’âme de ses clients, et le besoin d’observateurs aussi chevronnés, il planta une dernière banderille.
– Dommage que vous manquiez autant d’enthousiasme. Nous aurions pu mener de fructueuses observations.
            Alors, contre toute attente, se surprenant lui-même, Gérald raccrocha l’intérêt que lui portait le jeune homme.
– J’ai reçu la semaine dernière une cliente qui, à mon avis, ferait une cible intéressante d’après les indices donnés en première consultation au téléphone.
– En quelques mots ?
– Une femme de cinquante-cinq ans, mariée, deux enfants, trois petits-enfants qu’elle aime tendrement. Elle arrive à un tournant qu’elle redoute de prendre. Elle n’a pas vraiment la hantise de vieillir, mais n’est pas résignée à entrer de plain-pied dans la monotonie. Elle a envie d’explorer des champs nouveaux, de se croire encore capable d’exaltation ! Très marquée par son enfance catho, entourée par des parents aimants – sa seule famille – elle a mené une existence rangée, une carrière remplie avec dévouement et conscience professionnelle, s’est engagée dans la vie associative, est entourée et appréciée par sa famille, mais… elle ne vibre plus et s’ennuie.
– Solide malgré tout ? Nous nous interdisons de démolir nos cibles !
– On n’est jamais sûr, mais elle me semble équilibrée et surtout avide d’émotions.
– Bien ! Nous n’allons pas tarder à la faire vibrer !
– Je ne vous ai pas confirmé ma participation. Je ne suis pas certain d’adhérer à votre projet !
– Non ? Je pense pourtant que vous allez m’appeler prochainement pour signer votre engagement ! Et me dresser le portrait de votre… comment déjà ?
– Permettez que je ne dévoile pas son identité, Professeur !
– Soit… Rien ne presse. Dès que vous aurez décidé de nous la confier, nous verrons le programme qui lui correspond le mieux.
– Qui « nous » ?
– L’équipe d’universitaires qui collabore à l’étude.
– Donc, je n’y serai pas associé ?
– Non ! Vous êtes un des rapporteurs des observations, pas prof de fac ! Au revoir Gérald !
            Impressionné par le personnage, Gérald posa son chapeau noir sur sa chevelure argentée et ils se serrèrent la main. Les regards échangés contenaient un défi, une complicité sous-jacente mêlée d’un scepticisme poliment dissimulé de part et d’autre.





Le marionnettiste de l'ombre

Avis de lecteurs.trices

"Tu m'as bluffée! Quelle évolution dans ton écriture!J'ai raté des épisodes, non? Toujours l'élégance, mais une sorte de lâcher-prise que je ne te connaissais pas et qui te va très bien! Quelle justesse pour dépeindre les affres de l'amour trahi, déçu. Heureusement, comme Phénix, ton héroïne a une capacité de résilience hors normes. Bravo à elle et à toi!"
Martine N. de Limoges

"Je viens de terminer ton livre il est plein d intrigues et passionnant j ai adoré et je le recommande vivement, vous ne serez pas déçus ."
Martine H. de la Rochelle



Quelle idée surprenante, mais géniale !
Quel divertissement !
Quelle maîtrise du développement personnel !
J'ai adoré.  Maryse

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